• espoir

    J’avance lentement
    Sous un soleil écrasant
    Mes pieds, plus lourds à chaque pas,
    S’enfoncent inlassablement
    Dans le sable liquide.

    Et je ne vois que des champs couverts de neige
    Que des dimanches matins heureux
    Dans mes montagnes fraiches et splendides.

    La vielle dame m’avait dit un jour
    Que le bonheur est dans le mouvement
    Dans la fluidité entre deux étapes, deux états
    Et nulle part ailleurs.

    Devant moi, toujours, mon enfance
    L’air chargé de sel, porté par le vent
    Ces milliers d’étincelles dans l’eau
    Ces milliers de pensées insaisissables
    Et le son des galets brassés par les vagues
    Qui me bercera jusqu’à l’infini.

    Jules Delavigne, Conclusions, 2008


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  • agee

    Visages sculptés
    brodés les uns après les autres
    là en haut sous les toits
    à côté des chambres de bonnes
    Chaque profil est différent
    égal dans son essence
    inébranlable dans son destin
    Nos regards rêveurs se démultiplient
    quérissant en vain la similitude
    marque ancestrale cachée dans les cellules
    Nous cherchons cette statue
    qui nous ressemble
    ce sourire identique au même destin
    se reflétant dans la brume des souvenirs
    tel ce palais en pierre
    dans le miroir d’eau piétinée
    par la pureté de nos enfants
    Nous traversons à nouveau le pont
    au ralenti
    la pluie fouettant nos visages
    nous noie dans la tautologie de la réalité

    Sybille Rembard, 2011


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  • nuit

    Dans un prisme de sable aux arrêtes sans âge
    Un saphir de soleil serti d’un fil de chair
    Brise en éclats le ciel d’où s’effrite un éclair
    Dont la bouche de feu vient mourir sur la plage.

    La pyramide en grain d’une dune au mouillage
    Coule le long des mains comme un ruisseau dans l’air
    Et couvre de sa soie une étoile au teint clair
    Que l’horizon câlin rouille à son babillage.

    Sous un tulle de glace un souffle de sel pur
    Caresse la rondeur d’une larme d’azur
    Et fuit sous le frisson d’une plume de lune.

    Un vitrail de cilice enflamme le désert
    Puis l’ombre d’un calice au silence disert
    Passe comme un instant sous un dais de fortune.

    Francis Etienne Sicard, Lettres de soie rouge, 2011


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  • a

    Les heures sont des fleurs l’une après l’autre écloses
    Dans l’éternel hymen de la nuit et du jour ;
    Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses
    Et ne les donner qu’à l’amour.

    Ainsi que de l’éclair, rien ne reste de l’heure,
    Qu’au néant destructeur le temps vient de donner ;
    Dans son rapide vol embrassez la meilleure,
    Toujours celle qui va sonner.

    Et retenez-la bien au gré de votre envie,
    Comme le seul instant que votre âme rêva ;
    Comme si le bonheur de la plus longue vie
    Était dans l’heure qui s’en va.

    Vous trouverez toujours, depuis l’heure première
    Jusqu’à l’heure de nuit qui parle douze fois,
    Les vignes, sur les monts, inondés de lumière,
    Les myrtes à l’ombre des bois.

    Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines ;
    Le vin, ce sang nouveau, sur la lèvre versé,
    Rajeunit l’autre sang qui vieillit dans vos veines
    Et donne l’oubli du passé.

    Que l’heure de l’amour d’une autre soit suivie,
    Savourez le regard qui vient de la beauté ;
    Être seul, c’est la mort ! Être deux, c’est la vie !
    L’amour c’est l’immortalité !

    Gérard de Nerval


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  • bateaux

    L’aventure est d’abord humaine
    Océan de vie, océan de paix
    L’aventure est d’abord humaine
    Cris de temps passé aux lisières des prés
    L’aventure est d’abord humaine
    Comme tous les solstices qui ont précédé
    L’aventure est d’abord humaine
    Fleuve d’harmonie, fleuve d’éternité

    L’aventure est d’abord humaine
    Alchimie d’amour, désirs d’Absolu
    L’aventure est d’abord humaine
    Désespoirs palpables, vifs, jaunes, crus
    L’aventure est d’abord humaine
    Désirs d’Olympe paraissant fanés
    L’aventure est d’abord humaine
    Riches, pourpres, exilés

    L’aventure est d’abord humaine
    Des anciens temps aux nouveaux essors
    L’aventure est d’abord humaine
    D’absurde éclipses de sommeils morts
    L’aventure est d’abord humaine
    C’est la réalité qu’un jour les Dieux ont convoité
    L’aventure est d’abord humaine
    Absence de funambule, de rythmes sots, brusques, ancrés

    L’aventure est d’abord humaine
    Dans une église ou bien un Mausolée
    L’aventure est d’abord humaine
    Symbôle d’obélisques qui arrachent le ciel
    L’aventure est d’abord humaine
    Lames coupantes et dures, face à l’Eternel
    L’aventure est d’abord humaine
    Comme si un jour nous obtenions le Feu
    L’aventure est d’abord humaine
    Ne restera qu’un chiffre pur, ce sera Deux

    Winston Perez, 2009


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